Questions à Maxime GREMETZ

Publié le par Jacques LAMBERT

Parcequ'il faut faire des propositions

1)         Qul est votre avis sur l'état des banlieues ? Comment en sortir ? :

Le chômage touche 23,3% des jeunes de moins de 25 ans. Et encore, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg : aujourd’hui, la précarité n’est plus uniquement le chômage, elle se trouve aussi dans l’emploi. La multiplication des contrats précaires et des contrats aidés plonge de plus en plus de salariés, surtout parmi les plus jeunes, dans la précarité, voire dans la pauvreté. Ainsi, on compte aujourd’hui 2,5 millions de travailleurs en dessous du seuil de pauvreté dans notre pays et un sans domicile fixe sur trois a un emploi. Le recours abusif à ces différentes sortes de contrats précaires a fortement perverti les relations de travail dans notre pays : il encourage par exemple le « turn over » des salariés dans certains secteurs, ou encore à tirer vers le bas le salaire des jeunes diplômés et qualifiés rentrant sur le marché du travail. Or, sous le prétexte, de lutter contre le chômage, ce sont de tels contrats précaires qui sont favorisés. C’est cette précarité exacerbée qui conduit aujourd’hui à la désespérance sociale et explique en grande partie la flambée de violence qu’a connu il y a un an notre pays. D’autres éléments viennent s’ajouter : on laisse une partie de notre jeunesse « s’enfermer » dans leur quartier. Avec le chômage, certains ne peuvent plus vivre que de petits trafics. Pour d’autres, c’est l’argent facile qui les conduit dans cette voie. Et quand ils veulent s’en sortir, on ne leur en donne pas la possibilité. Car les discriminations sont une réalité : discrimination à l’embauche par exemple, sur la couleur de la peau en particulier, disparités salariales injustifiées entre hommes et femmes aussi, ou encor, même si c’est moins visible, discrimination sociale et territoriale. En plus, il y a eu l’effet médiatique : beaucoup on eu l’impression, à tort, d’avoir trouvé un moyen de faire ressentir leur malaise, de faire parler d’eux, voire de s’exprimer et de se faire entendre. Enfin, fermeté ne veut pas dire provocation : il est évident pour moi que Nicolas SARKOZY a envenimé la situation par son attitude méprisante.

 

 

Cette politique de déstructuration sociale, de précarisation et de flexibilisation de l’emploi, nos concitoyens, jeunes comme moins jeunes, n’en veulent plus, comme l’a bien montrée la formidable mobilisation contre le CPE. Mais comme souvent, lorsque l’on se contente d’éluder les vrais problèmes, le retour du boomerang n’en est que plus douloureux : en l’absence de traitement à la source des causes, sociales avant tout, les mêmes causes auront encore dans l’avenir les mêmes effets. Car si urgence il y a, aujourd’hui comme il y a un an, c’est avant tout une urgence sociale.

 

 

 

 

 

 

2)        Comment peut on mettre en place les conditions pour calmer les exclus ?

Il faut rompre avec cette politique ultralibérale de précarisation et de

 flexibilisation de l’emploi que mène le Gouvernement. Il faudrait au contraire

relancer la croissance par une hausse des salaires du pouvoir d’achat,

encourager la création d’emplois stables et durables et sécuriser les parcours

 professionnels. Il faudrait aussi changer l’orientation du financement de l’aide à

l’emploi, avec, par exemple, un contrôle effectif de l’utilisation des aides

publiques accordées aux entreprises, la suspension des exonérations

decotisations patronales et le remboursement des aides publiques si

leur utilisation est contestée par les salariés. Ou encore un autre financement de

 l’aide à l’emploi, avec une réforme de l’assiette des cotisations permettant une

 variation des taux de cotisation en fonction de l’investissement de l’entreprise

dans l’emploi et la formation. Ou même une bonification du crédit en fonction

 de ces critères de l’investissement dans l’emploi et la formation et la taxation

 des revenus financiers

 C’est ainsi que l’on mettrait réellement l’emploi et le pouvoir d’achat au cœur

de l’action politique. Une politique de justice sociale dont notre jeunesse

ne pourra  qu’être parmi les bénéficiaires principaux. Certes, tous les problèmes 

ne seraient pas réglés, mais nous aurions déjà fait un grand pas en avant.

 

Publié dans leblogdejacques

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