Une vision du libéralisme avec FRALIB à GEMENOS

Publié le par Jacques LAMBERT

FRALIB GEMENOS par les salariés de FRALIB GEMENOS

1) L’historique :

Nous faisons partis du groupe UNILEVER

En 1998, UNILEVER employait 267 000 salariés au niveau mondial, dont 10 500 en FRANCE répartis dans 300 filiales et 88 pays.

En 2000 ils achètent le groupe BESTFOOD qui emploie environ 20 000 personnes au niveau mondial dont 1 000 en FRANCE.

En 2006, UNILEVER n’emploie plus que 206 000 salariés au niveau mondial dont 4 600 en FRANCE. Au passage 81 000 emplois supprimés dont 5 900 en FRANCE et 130 sites fermés. Ce carnage à l’emploi pour nos dirigeants avait un nom  «Path to grow», en français chemin vers la croissance.

Dans tout cela l’histoire du site de GEMENOS est la suivante :

Dans les années 80, UNILEVER lance une étude sur les infusions. Les conséquences de cette étude, débouchent en 1989, sur la décision de délocaliser l’usine du thé de l’éléphant, située à MARSEILLE depuis 1886, Bld Camille FLAMMARION vers GEMENOS, avec au passage la suppression de la moitié de l’effectif passant de 150 salariés à 77.

L’usine de GEMENOS est désignée à ce moment là, comme l’usine Européenne pour les infusions.

Dans les années 90, UNILEVER lance une étude sur le Thé noir et parfumé. Les conséquences de cette étude débouchent sur la fermeture de nombreux sites en EUROPE (ITALIE, SUISSE, DANEMARK, etc.…) et en 1998, c’est l’annonce de la fermeture de l’usine du HAVRE, avec les décisions de faire de l’usine de BRUXELLES, l’usine Européenne de Thé noir, et  GEMENOS devient l’usine Européenne d’infusions et des thés parfumés.

Au HAVRE, c’est 152 emplois supprimés, 53 salariés feront le déplacement pour conserver leur emploi à GEMENOS (1 000Kms).

Aujourd’hui, les salariés de GEMENOS, sont des ouvriers qui ont subit, soit la fermeture de MARSEILLE, ou bien celle du HAVRE, mais aussi des salariés ayant subis les restructurations dans le groupe, notamment dans la viennoiserie, les huiles etc.… et venant de différente région de FRANCE, tout cela complété par de jeunes embauchés d’ un niveau d’études bien au dessus des besoins.

2) Les points forts de l’usine de Gémenos :

Usine moderne pour ses technologies, ses innovations et ses         exclusivités mondiales.

 

En terme de technologies et d’innovations, l’usine de GEMENOS,  est la plus moderne dans le secteur de l’agroalimentaire de la Région.

Depuis l’origine de la création des thés de l’éléphant en 1886 à MARSEILLE (Bld Camille FLAMMARION) et son implantation à GEMENOS en Octobre 1989 , l’usine développe des technologies innovantes et des plus performantes pour le conditionnement des thés et infusions aromatisés.

·         En 1990, un nouveau type de machine de conditionnement de thé et d’infusions voit le jour à GEMENOS. La machine N° 0 du constructeur Italien IMA C 2000 pour la production des sachets de thé traditionnels, à une cadence de 450 sachets à la minute.

Ce prototype est développé, amélioré, et mis au point par les salariés, à tel point qu’aujourd’hui ces machines existent dans toutes les usines d’UNILEVER dans le monde.

·         En 1995,  un nouveau type de machine du constructeur Anglais Mollin’s, destiné à la production de thé vert en sachet enveloppé rond, dans une boite ronde, est développée dans un premier temps à l’usine du HAVRE, et après la fermeture de celle-ci en 1998, à l’usine de GEMENOS, qui en détient d’ailleurs l’exclusivité mondiale.

·         GEMENOS détient également une autre exclusivité mondiale, breveter  les machines mousselines  d’appellation d’origine teebol (made in MARSEILLE) depuis le milieu du siècle dernier.  Cette technologie a été conçue à la main par les salariés de l’époque.

En 1998,  ces machines ont été repensées sur le même  modèle technologique de l’époque  avec une cadence de production supérieure à 150 sachets minute par le constructeur IMA, avec l’implication des salariés de GEMENOS, pour les améliorations apportées et sa mise au point.

·         Par leur savoir faire les salariés de GEMENOS et du HAVRE ont fait évoluer techniquement les machines Constanta du constructeur Allemand en portant leur cadence de 135 à 200 sachets minute.

Ils ont également réduit la largeur du sachet de thé de 94 à 90 millimètres, ce qui a contribué à des économies de coût conséquentes  des matières premières pour le groupe.

L’usine de GEMENOS est d’ailleurs la seule usine du groupe à avoir transformé leurs machines avec succès,  les autres n’ont pas pu le réaliser.

Usine flexible, complexe et fortement automatisée:

 

GEMENOS dans sa conception d’usine Européenne de thé et d’infusions aromatisés est la plus   flexible d’Europe en terme de production dans UNILEVER.

L’usine est conçue de façon que chaque machine soit autonome afin que sur chacune d’entre elle, on puisse produire une variété différente.

Chaque machine est équipée pour pouvoir former et fermer les boites qu’elle produise.

Toute la production est dirigée par des convoyeurs vers un robot palettiseur entièrement automatisé

L’usine la plus complexe par ses produits aromatisés difficiles à conditionner, (coulabilité, sucre, grains, etc…)  

Plus complexe par son nombre de variétés,  plus de 200 peuvent y être produites. Les changements de produit plus nombreux pour répondre plus rapidement aux demandes des clients.

Tout ceci est la démonstration d’une grande flexibilité de production et d’une complexité importante de l’usine de GEMENOS qui la rend difficilement comparable avec les autres usines du groupe.

3) Gémenos et les autres :

Les autres usines du groupe sont des usines dédiées essentiellement au marché du thé noir, avec pour la plupart d’entre elles des lignes de production où un seul produit alimente de nombreuses machines.

Leur complexité et leur flexibilité de ce fait, sont évidemment moindre, et leur nombre de variétés également.

4) Le marché de l’usine de Gémenos :

L’usine de Gémenos est sur le marché des thés et infusions aromatisés, commercialisée sous les marques Lipton, Eléphant, Tchaé, leader à plus de 46% des parts de marché en FRANCE.

Ce marché en FRANCE est en constante progression depuis plusieurs années alors que le marché du thé noir lui est en constante régression depuis de nombreuses années. 

L’usine de GEMENOS fournit le marché Français pour 65% de sa production, et 35% le marché Européen.

Le marché Français est le second plus gros marché de thé et d’infusions de la zone Euro avec 24% juste derrière le marché Anglais avec 29%.

La FRANCE représente donc ¼  du marché en Europe.

De plus, la valorisation des productions vendues en FRANCE est 4 fois plus importante qu’en POLOGNE ou en RUSSIE.

Leur valorisation en FRANCE est de 40 € le Kg.

Leur valorisation en POLOGNE ou en RUSSIE n’est que de 10 € le Kg. 

La FRANCE est donc incontournable sur le marché des thés et infusions, et c’est en FRANCE que le groupe UNILEVER réalise son plus gros profit.

L’usine de GEMENOS dans ce contexte doit vivre et se développer en FRANCE et nulle part ailleurs.

5) Les performances de l’usine de Gémenos :

En dépit de la baisse des volumes et des investissements programmés et orchestrés par la direction de la catégorie du groupe UNILEVER,  l’usine parvient à maintenir, voir à améliorer un bon nombre d’indicateurs de performances.

Productivité de 2001 à 2005 :

 

  • + 25% en tonne.
  • + 13% en milliers de sachets.

Efficience des lignes de conditionnement de 2000 à 2005 :

 

  • + 13% en moyenne usine.
  • + 22% sur la ligne Mollin’s.
  • + 12% sur les lignes Constanta.
  • +   8% sur les lignes C2000.

Taux de perte de 2003 à 2005 :

 

  • -  32% sur les matières premières.
  • -  11% sur les emballages.

 

Coût de non qualité et réclamations clients de 2003 à 2005 :

 

  • -  36% de non qualité.
  • -  30,2% de réclamations clients.

 

Coût de conversion de 2001 à 2005 favorable :

 

  • -   7% aux 1 000 sachets.
  • -   6% à la tonne.

 

Le résultat usine en 2005 :

 

  • En 2005 on constate une amélioration des écarts de coût par rapport au standard de 18,4%.

 

6) Usine trop chère en Europe ?

 

La direction D’UNILEVER essaie de justifier ses décisions sur un seul point qui serait que l’on coûte trop cher.

 

Pour cela, ils ont inventé de toutes pièces leur nouvel indicateur depuis Juillet 2006 qui est le coût de conversion sur le chiffre d’affaire reconstitué. Un paradoxe, puisque notre direction depuis des années ne donne aucune information sur le chiffre d’affaire généré par nos productions en Europe, qui représente environ 35% de notre production.

 

Nous contestons avec la plus grande fermeté cet indicateur.

Sur cet unique indicateur, la direction compare les usines du groupe entre elles et désigne l’usine de GEMENOS comme étant la plus chère d’Europe.

 Sans tenir compte :

 

  • De la complexité de l’usine. (plus de 200 variétés produites)
  • De sa modernité. (machine mono produit pour permettre de répondre dans un temps record à la demande des clients)
  • De ses spécificités technologiques. (machine en exclusivité mondiale)
  • De sa capacité d’innovation. (développement et mise au point de nouvelles technologies)
  • De l’organisation du travail. (travail en période haute ou basse selon la saisonnalité de la production)
  • De la compétence de ses salariés. (qui ont permis la production des produits aromatisés difficiles à conditionner)

Dans le même temps le groupe prend la décision de fermer l’usine de DUBLIN en IRLANDE pour laquelle leur indicateur pour le thé est le plus bas de l’Europe de l’Ouest, 11,30 % contre 22% à GEMENOS.      

Cet indicateur nouveau présenté pour la première fois à GEMENOS en Juillet 2006 par la direction,  pour justifier que l’usine de GEMENOS est la plus chère en Europe, et pour justifier 4 mois plus tard son projet de réorganisation de l’usine.

Contrairement aux idées reçues, la FRANCE où la main d’œuvre serait trop chère et, où les impôts et taxes seraient trop lourds pour les entreprises, ce qui justifieraient les délocalisations.

Des études récentes démontrent que la FRANCE est le 4 ème pays au monde pour l’accueil des investissements directs de l’étranger.

 La FRANCE attire les investissements,  notamment :

 

  • Pour la qualité de sa main d’œuvre.
  • Pour ses infrastructures.
  • Pour sa position stratégique sur un marché de 450 millions d’habitants.

     (Sources,  les Echos du 7/12/06 et du 02/01/07)

     

 

 7)      Ce que représentent nos salaires :

 

La réalité en chiffre :

 

Sur l’indicateur de la direction, on nous positionne à 22  % alors que les Anglais seraient à 14.30 %, les Belges à 11.60 %, les Irlandais à 11.30 %, les Polonais à 7.20 % et les Russes à 7.10 %.

 

Ce que pèsent nos salaires dans cet indicateur, charges comprises, ce n’est même pas la moitié c'est-à-dire 10.28 % sur les 22 %.

L’incohérence de leur indicateur est flagrante quand on sait qu’il ferme le site Irlandais alors que celui-ci sur la base de cet indicateur est le meilleur de l’Europe de l’Ouest avec 11.30 % 

Nos salaires ne représentent que 7,13 % sur l’ensemble du chiffre d’affaire communiqué par la direction et 10,28 % charges comprises.

Ce que pèsent nos salaires, charges comprises, sur une boîte d’infusion ou de thé parfumé, c’est 14 Centimes d’Euros, alors que celle-ci est vendue au consommateur entre 1.70 Euros et 2.30 Euros. C’est la réalité des chiffres. Le matraquage patronal sur le coût des salaires en FRANCE est un véritable scandale, c’est un gros mensonge de plus.  

 

L’argent existe bien surtout dans UNILEVER qui engraisse ses actionnaires sur le dos des salariés et des consommateurs :

 

- Les dividendes versés aux actionnaires ont atteint 193 millions d’euros en 2004,  soit l’équivalent de 1 an de salaire à 1 500 Euros par mois pour 9 650 chômeurs.

 

- Ils viennent de prendre la décision en Novembre 2006 de leur verser un dividende exceptionnel de 750 millions d’Euros soit, l’équivalent de 1 an de salaire à 1 500 Euros par mois pour 37 500 chômeurs.

En 2005, l’ancien PDG Anglais part en retraite à 60 ans (sans avoir effectué de travaux pénibles) et le Groupe ayant provisionné 25 millions d’Euros pour lui, il percevra 1.2 millions d’Euros par an jusqu’à la fin de sa vie, l’équivalent de 66  salaires à 1500 Euros par mois.

Ils n’hésitent pas à détourner de l’argent public :

Leur dernière trouvaille, c’est la création d’une Plateforme d’achats et de ventes, par laquelle transiteront tous les produits d’UNILEVER en EUROPE, elle sera basée en SUISSE. Les collectivités font les frais de la stratégie financière de la multinationale. C’est la délocalisation en SUISSE d’une grande partie de ses profits réalisés en FRANCE,  pour échapper au fisc. Ce sont 10 millions d’Euros qui partent en SUISSE et qui auraient dû servir pour financer les services publics, (écoles, hôpitaux, infrastructures…) en FRANCE. Les citoyens que nous sommes, doivent payer plus d’impôts, et voir encore les services publics se dégrader ou passer sous intérêts privés qui feront payer les usagers.

Pour toutes ces raisons invoquées, nous n’acceptons pas le projet présenté par la direction de FRALIB. 

 

-      Qui vise à supprimer 57 emplois.

 

-      Qui donne une vision sur 2007 et 2008 avec des volumes à la baisse de 100 millions de sachets chaque année. 

 

-      Qui prévoit un investissement pour 2007 de 700  mille Euros, 2ème plus faible investissement sur les 10 dernières années.

 

8)      Ce que nous exigeons : 

 

Nous exigeons de la direction qu’elle présente,

 

·         Un véritable projet d’avenir pour l’usine de GEMENOS avec une perspective sur les 5 prochaines  années.

 

·         Un projet d’investissement à la hauteur des ambitions Européennes pour notre usine.

 

·         Un véritable projet de développement industriel du site pour maintenir et développer l’emploi.

 

·         L’arrêt de la délocalisation de nos volumes.

 

Nous exigeons également.

 

·         Que la table ronde du 8 février en Préfecture obtenue par la lutte, soit  le début d’un processus de négociations avec l’établissement  d’un calendrier sur ces questions.

Publié dans leblogdejacques

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