Chômage 2006 : 65.000 Picards rendus invisibles

Publié le par Jacques LAMBERT

CGT INSEE PICARDIE                                                    Amiens, le  31 janvier 2007

                                                  

Officiellement, il y avait 77099 demandeurs d’emploi en Picardie fin 2006, soit une baisse de 10,7% en un an. Sauf que cela ne représente qu’une catégorie de personnes inscrites à l’ANPE, la 1, qui ne comprend que les « personnes immédiatement disponibles, à la recherche d’un contrat à durée à durée indéterminée (CDI) à plein temps et ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois précédent ». Or, ce chiffre est, de plus en plus, l’image de l’impact des mesures de gestion de l’ANPE, non de la situation réelle des demandeurs d’emploi : radiations, stages bidon, réduction des délais de réponse des chômeurs sur leur situation, exclusions des statistiques des emplois aidés, des créateurs d’entreprise, des personnes bénéficiant de conventions de reclassement, etc.

 

De fait, il exclut les 7 autres catégories de demandeurs (de 2 à 8), formées de demandeurs d’emploi temporaire ou à temps partiel, non immédiatement disponibles, qui regroupaient 52000 Picards fin 2006. Or, ce chiffre, contrairement à celui de la catégorie 1, a augmenté en Picardie en 2006. C’est donc, en réalité, 129000 personnes qui sont inscrites à l’ANPE dans la région. Et la part des catégories 2 à 8, non comptées dans le chiffre officiel du chômage, ne cesse de s’accroître : elle atteint désormais 40% des inscrits à l’ANPE. C’est le résultat du développement de la précarité et de l’intérim dans la région. Avec ces « petits boulots », on n’est plus chômeur mais on n’est pas non plus intégré dans le monde du travail !

 

A cela, il faut ajouter plus de 13000 personnes « dispensées de recherche d’emploi ». Ce sont des chômeurs de plus de 55 ou 57 ans à qui on verse une allocation à condition… de ne plus apparaître dans les statistiques de chômage ! Et dire que, dans le même temps, le discours officiel est d’encourager le travail des « seniors » ! Au total, cela fait donc 142.000 personnes sans emploi en Picardie. En clair, le chiffre officiel 2006 rend invisible 65.000 chômeurs, pourtant bien présents dans la région !

 

S’il fallait une preuve supplémentaire de cette « épuration statistique », c’est que cette réduction artificielle du nombre de demandeurs d’emploi ne résout en rien les problèmes de fond du marché du travail en Picardie. Ainsi, notre région reste, après le Nord-Pas-de-Calais, celle qui, en France, a la plus forte proportion de chômeurs de longue durée (plus d’un an), avec un taux de 34%. De même, les offres d’emploi enregistrées par l’ANPE sont de plus en plus précaires : 60% d’entre elles ont une durée inférieure à 6 mois, 12% inférieure à 1 mois ! Cela montre que, pour dégonfler les chiffres, on propose des « occupations » très temporaires, non des emplois. Enfin, les disparités territoriales subsistent, le nord de la Picardie restant plus touché par le chômage que le sud. Autant d’éléments qui confortent l’idée que cette « baisse » des demandeurs d’emploi picards, uniforme et sans modification de la structure du chômage régional, est plus le résultat de mesures purement administratives que d’une réelle évolution de la situation vécue par les Picards !

 

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S
AUTANT POUR MOI,j'ai mis mon commentaire, CHEZ LE MOUSTACHU!!!!!! donc R D V en dessous<br />                           singer alain
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