NOTRE PEUPLE A BESOIN DU PCF !

Publié le par leblogdejacques

Proposition de base de discussion alternative pour le congrès extraordinaire du PCF des 18,19 et 20 juin 2010

 

 

UN CONGRES EXTRAORDINAIRE : POUR QUOI FAIRE ?

 

PCF : bilan et analyse des 18 mois depuis le 34ème congrès.

 


Les conditions anormales dans lesquelles est organisé le congrès « d’étape » des 18, 19 et 20 juin 2010 suffiraient à expliquer que nous déposions un texte alternatif.

Tout dirigeant du PCF sait qu’il est impossible en 7 semaines de créer les conditions d’une participation réelle des communistes, des sections, à une réflexion collective. De surcroît, l’ordre du jour est lourd, comprenant l’évaluation de la stratégie actuelle du Parti et des transformations du Parti lui-même.

La direction a également fait le choix de ne pas soumettre à amendements les textes adoptés par le Conseil national du 16 avril, qu’elle propose comme base de discussion.

Sur quoi les communistes vont-ils pouvoir discuter réellement ensemble, se prononcer nationalement ? D’où vont sortir les résolutions finales, proposées au Congrès national, qui auront force de textes de congrès ? Leur orientation est déjà connue puisque la direction part du postulat que la stratégie qu’elle mène depuis 2008 est validée et qu’il n’y a lieu que d’envisager sa « prochaine phase ».

Cette démarche n’est pas qu’anti-statutaire, elle est antidémocratique.

C’est la première raison pour laquelle, conformément à l’article 11.1 des statuts du PCF, nous proposons un texte alternatif aux textes du CN du 16 avril, visant à devenir la base commune amendable du 35ème congrès du PCF, convoqué de façon extraordinaire par le CN des 27 et 28 mars 2010.

Au 34ème congrès, fin 2008, les communistes ont exprimé une volonté claire et incontestable : celle de maintenir le PCF. Cette clarification a été vécue par beaucoup comme un soulagement après la mise en question de l’existence même de notre parti par la direction après les élections présidentielles de 2007.

La première évaluation à faire des choix du 34ème congrès, c’est celle de la stratégie mise en œuvre au regard des objectifs de renforcement du PCF et de son action dans cette période d’aiguisement de la lutte des classes au plan international et national.

Le congrès extraordinaire peut et doit réaffirmer toute l’actualité de la raison d’être du PCF que l’évolution de la situation politique internationale et nationale est venue encore souligner.

 

La crise actuelle du capitalisme, système étendu à la quasi-totalité des pays, sans véritable contrepoids malgré les résistances de plusieurs Etats (dont Cuba), est l’expression de toutes ses contradictions. La recherche effrénée du profit l’amène à détruire le développement économique qu’il a engendré, à menacer la planète. Sans opposition organisée, il utilise sa propre crise contre les travailleurs. De façon perceptible pour un plus grand nombre, la théorie marxiste, qui est un des fondements de notre parti, est validée comme la perspective révolutionnaire qu’il porte.

En France, l’offensive du capital, relayée par le gouvernement et l’UE, tente d’imposer des reculs sociaux, économiques et démocratiques sans précédent depuis des décennies. Elle suscite une très large contestation parmi notre peuple qui souffre de plus en plus. Des luttes très importantes se développent dans des secteurs de plus en plus larges du monde du travail. Elles recherchent les voies de la convergence et de l’alternative politique.

La forme d’organisation des partis communistes, qui leur a permis, à eux seuls, d’être des partis de classe et de masse, revient d’autant plus d’actualité. L’exemple de l’action du Parti communiste grec (KKE), fer de lance de la riposte à l’agression encore plus violente du capital dans son pays, est probant à cet égard.

Le monde du travail se souvient que le PCF a joué un rôle décisif dans toutes les conquêtes sociales que le gouvernement s’applique à détruire, notamment celles qui sont issues du programme du Conseil national de la Résistance. Le pouvoir aussi n’oublie jamais la menace que représente le communisme pour les intérêts des exploiteurs. Il tente soit de banaliser l’histoire communiste comme Sarkozy avec Guy Môcquet, soit d’accentuer sa campagne de criminalisation du communisme. Le véritable échec de la « célébration » du 20ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin, orchestrée par nos responsables politique et destinée à légitimer leur UE du capital, montre qu’ils n’arrivent pas à tirer un trait l’histoire du socialisme et du mouvement communiste au 20ème siècle, dont l’analyse par notre parti reste largement à faire.  

L’existence et le rayonnement des partis communistes est un enjeu de la lutte des classes.

Il n’y a pas de fatalité à l’affaiblissement du PCF, de « déclin inéluctable ». Il y a le résultat d’un affrontement entre le capital, nécessairement anticommuniste, et notre parti lui-même. La direction du PCF continue à faire l’impasse sur le bilan de 15 ans de stratégie d’abandons et de reniements des fondements du Parti, mettant le recul du Parti sur le seul compte de « la vague néolibérale de la fin du XXème siècle ». C’est trop facile ! Comment expliquer que le plus grand recul, en forces organisées et en voix, s’est produit à partir de 1997 et du choix de l’alignement sur la « gauche plurielle » ?

Après le 34ème congrès, dans la suite de l’Assemblée nationale extraordinaire de décembre 2007, le choix majoritaire des communistes aurait dû couper définitivement court aux tentatives de « métamorphose », de « dépassement », de dilution du PCF, « d’expérimentations » dans ce sens, engagées depuis des années par la direction du Parti. Plusieurs des principaux dirigeants du PCF n’avaient pas caché en 2007 que ce processus devait mener pour eux à la disparition du Parti en tant que tel.

Depuis le dernier congrès, la stratégie politique conduite par la direction du PCF se confond avec le « Front de gauche ».

La constitution du « Front de gauche » n’est pas une décision du congrès. L’accord fondateur avec Mélenchon a été décidé en novembre 2008, à son départ du PS, au moment et en marge du congrès mais sans que les communistes puissent se prononcer. La résolution de congrès prévoyait, au pluriel, des « constructions unitaires avec des cadres, des fronts, des alliances adaptés aux contenus portés et aux échéances affrontées ». Le Front de gauche est né sans contenu, ni projet fixés.

Notre congrès extraordinaire doit faire le bilan de 18 mois de « Front de gauche » en termes de renforcement du PCF et de l’efficacité de son action.

On ne peut pas se contenter de le mesurer par des résultats électoraux. Mais ceux-ci sont peu concluants et il faut le reconnaître. Aux européennes et aux régionales, avec des disparités régionales, les résultats sont équivalents ou inférieurs, parfois nettement, à ceux des listes du PCF aux élections précédentes correspondantes. Le Front de gauche a très peu capté la volonté de sanction de la politique du gouvernement qui s’est dirigée aux régionales vers l’abstention, puis vers la gauche social-démocrate (écologistes compris).  Le recul est souvent net en voix, notamment dans les quartiers les plus ouvriers et les plus pauvres. L’élan des luttes ne s’est pas reporté sur le vote Front de gauche. Ce doit être une de nos premières préoccupations.

Les régionales ont aussi abouti à la perte de près de moitié des élus communistes sortants, malgré la fusion, dans la quasi-totalité des régions, avec les listes PS. 

Le Front de gauche a pu être vécu de façon différente selon les régions. Dans certaines, notamment à tête de liste communiste, les partenaires ont agi en alliés loyaux. Certains ont cru voir un début d’émancipation du PS.

Mais globalement, le Front de gauche a accentué le malaise, les divisions à l’intérieur de notre parti. L’élaboration des listes de candidats, à la suite d’interminables négociations politiciennes, a été paralysante et démobilisatrice pour les communistes.

Le Front de gauche, dont le PCF représente au moins 90% des forces, a donné une importance politique démesurée aux « partenaires », parfois pourtant groupusculaires. Jean-Luc Mélenchon, avec sa petite fraction de la social-démocratie, a pu être érigé comme le principal porte-parole du Front incluant le PCF. Il lui donne les moyens d’imposer ses méthodes politiciennes et son calendrier, notamment d’ici les présidentielles.

Le Front de gauche accentue également le processus d’effacement du Parti. Les campagnes électorales, structurantes (par exemple avec le matériel politique) s’effectuent sous les couleurs du Front de gauche. De plus en plus, l’expression du Front supplante celle du PCF. Les directions du PCF qui s’étaient prononcées pour le « dépassement » et la « métamorphose » de notre parti, choisissent progressivement de faire fonctionner leurs organisations sur le mode du Front de gauche, avec des campagnes électorales et des candidats systématiquement « Front de gauche », des comités « Front de gauche », des groupes d’élus « Front de gauche ».

Tout cela a-t-il permis de dégager la perspective politique ?

Le Front de gauche, avec sa raison d’être d’origine électorale et sa perspective rivée vers 2012, accentue encore la dérive institutionnelle et électoraliste du parti, formalisée au Congrès de Martigues.

Le Front, constitué principalement avec des ex-PS, ne porte pas de rupture avec l’alignement sur le PS dans les institutions. L’idée d’émancipation du PS s’est avérée une illusion. Le ralliement au PS, y compris dans les exécutifs, s’est effectué dans pratiquement toutes les régions (sauf Nord-Pas-de-Calais et Limousin).

La perspective politique est plus que jamais la victoire de la « gauche unie » en 2012. En témoignent les meetings communs, la recherche de déclarations

communes, même sur des sujets où les positions sont peu conciliables (ex : retraites).

En aucun cas le PS, où les écologistes, ne sont sortis pourtant du consensus des forces de l’alternance européenne, dont leur approbation des plans de renflouement de la finance ou leur soutien au Traité de Lisbonne sont des éléments fondamentaux.

Mélenchon, ouvertement réformiste, s’est prononcé pour le non à la Constitution européenne mais a été aussi l’un des plus chauds partisans de Maastricht. Le Front de gauche, suivant la ligne du Parti de la gauche européenne (PGE), poursuit l’évolution vers l’acceptation, même critique, de la légitimité de l’UE du capital et de ses traités, dont le rejet de plus en plus vif par les peuples porte une perspective anticapitaliste.

Ces orientations politiques empêchent notre parti de jouer pleinement son rôle d’impulsion des luttes, de proposition pour contribuer à leur extension et à leur convergence, pour rassembler et dégager la perspective politique.

L’ensemble de ces constats nous amène à reconsidérer le choix du « Front de gauche », dans sa conception même, à chercher des formes de rassemblement, non politiciennes, pas d’abord électorales, mais partant du mouvement populaire et des luttes.

Loin d’être une « innovation », le Front a poursuivi et accentué la ligne politique précédente de la direction du Parti, dans la lignée de l’épisode des Collectifs antilibéraux dont on se souvient de l’échec et de ses conséquences.

Il en va des responsabilités historiques de notre parti.

« PCF », « communistes », voilà des identifiants forts, redoutés des capitalistes. « Gauche », voilà un identifiant large mais vague, dont ils savent s’accommoder !

Le deuxième point mis à l’ordre du jour du congrès extraordinaire par le CN est le projet de « transformations » du PCF.

Au 34ème congrès, le texte initial, proposé par la direction, envisageait une « métamorphose » du PCF. Devant le rejet par les communistes, on a laissé l’expression de « transformations profondes ».

La structuration en cours du Front de gauche, stratégie à laquelle la direction subordonne les « transformations », montre qu’il s’agit d’aller dans la même voie, celle de la dilution du PCF et de l’identité communiste.

Des « transformations » à venir, les 18 derniers mois ont donné un avant-goût inquiétant de centralisme autoritaire des directions pour accompagner ce choix.

Les directions ont forcé la main des communistes, pour la constitution du « Front de gauche » comme pour le choix de ses candidats aux élections, le plus souvent imposés aux communistes, malgré leurs décisions. Le 34ème congrès avait prévu l’instauration d’une commission pour envisager les « transformations ». Elle ne s’est réunie qu’une seule fois avant la convocation du congrès extraordinaire dont le texte a été élaboré ailleurs. Enfin, quel précédent représente le choix de la convocation d’un « congrès » extraordinaire non statutaire ! Ces méthodes ne sont pas acceptables.

Des « transformations profondes », notre parti en a subi de manière quasiment incessante depuis le 28ème congrès de 1994 et notamment au 30ème congrès de Martigues. La première exigence est de tirer le bilan de cette déstructuration méthodique de notre organisation de classe, de la réparer, non de poursuivre la fuite en avant.

Souvenons-nous qu’après avoir cessé d’impulser la vie des cellules (et même des sections), on a supprimé la souveraineté de cet organe fondamental. On a privilégié le cadre institutionnel, les positions électives, les alliances politiciennes sur l’action dans les luttes (et non seulement la présence « à côté » d’elle). Ces transformations ont poussé le Parti vers la régression aux formes d’avant le congrès de Tours, le parti d’élu, le club de discussion. Notre journal, que nous continuons à défendre, est transformé de plus en plus en « journal de la gauche » et de moins en moins en outil de lutte communiste. Il n’y a même plus de carte annuelle du Parti à remettre aux adhérents !

La nécessité de faire vivre et de renforcer le PCF, affirmée au 34ème congrès, implique des ruptures avec la stratégie à l’œuvre depuis au moins 15 ans et non son accommodement pour faire passer le même projet destructeur. Dans le cadre de ce congrès précipité, nous soumettons à la discussion des communistes, outre cette analyse en forme de bilan, des propositions de rassemblement sur des axes de lutte que doit porter le PCF, une position sur les échéances politiques à venir, en lien avec les évolutions de la lutte des classes en France et dans le monde. Nous proposons une autre base pour les transformations du PCF visant lui rendre sa structure de parti de classe qui lui a permis d’être un parti de masse.

Mais, communistes, nous ne pourrons pas faire, au congrès de 2011, l’économie d’un débat sur notre projet de société et le chemin à suivre pour y arriver dans la lutte anticapitaliste. Depuis le 29ème congrès, nous sommes passés de la « visée communiste » au projet « d’émancipation humaine », encore plus vague et œcuménique. Du « dépassement du capitalisme », on est passé au « post-capitalisme »

comme si le capitalisme allait s’écrouler de lui-même, sans action organisée sur ses contradictions. Un dirigeant, s’exprimant au nom du PCF (Francis Parny, dans le supplément « Communistes » de l’Huma du 5 septembre 2009), a repris à son compte l’objectif « d’altercapitalisme ». Le contresens est total avec la raison d’être de notre parti.  

Le congrès d’avril 2010 du Mouvement de la jeunesse communiste de France vient de réintroduire dans ses textes l’objectif du « socialisme », de l’appropriation publique et sociale des principaux moyens de production et d’échange, comme « phase transitoire permettant de dépasser le système d’exploitation de l’Homme par l’Homme et de construire les bases économiques, sociales et politiques d’une société d’émancipation individuelle et collective ».

Quel signe d’espoir pour les communistes, pour le monde du travail, qu’à la veille du 90ème anniversaire de la fondation de notre parti, le rétablissement de ses fondements vienne de la jeunesse !

Sur ces bases, notre congrès pourrait lancer un appel national fort à l’adhésion et à la réadhésion des centaines de milliers de communistes qui se sont écartés du Parti ou dont le Parti s’est écarté depuis notamment 2000 et le congrès de Martigues.

 

 

 

Publié dans Maxime GREMETZ

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